Un gouvernement pour faire quoi ?

A l’instar du Beaujolais nouveau le mois prochain, le nouveau gouvernement belge est arrivé. Mais sa maturation a été bien plus longue que le produit vinicole. Et, comme l’est souvent ce dernier, la qualité ne semble pas vraiment être au rendez-vous.

Nous ne nous étendrons pas sur le casting de ce cabinet  qui montre que le népotisme reste une valeur sûre en Belgique et que les choix des présidents de partis relèvent souvent de critères très éloignés de la seule bonne gouvernance.... En revanche, le programme proposé, même s’il contient quelques énormités, présente aussi des initiatives intéressantes, pour autant, bien entendu qu’elles soient concrétisées.

L’idée de nommer deux commissaires au Covid pour une durée de 12 mois est très loin d’être sotte. La cacophonie entendue depuis le début de cette crise est  catastrophique. Le fait que 9 ministres différents essaient de gérer la situation, de manière non vraiment concertée, a conduit à des impasses, des gaspillages et surtout des conséquences sanitaires dramatiques. Qui  ont entraîné le véritable coup d’état de certains experts que nous avons dénoncé en sont temps.

Commissaires au Covid, oui mais...

Si l’idée des commissaires au Covid est donc bonne, il reste un ombre au tableau. Et de taille. Il s’agira avant tout d’un choix politique. S’il s’agit de personnes totalitaires et fermées à l’ensemble des paramètres (notamment économiques) comme Marc Van Ranst, ce serait une véritable catastrophe. En revanche, si l’on nomme des personnalités de la qualité de Jean-Luc Gala, là, cela permettrait sans doute de mettre fin à la cacophonie. Et à la dictature qui s’est installée de facto. Au moment où ces lignes sont écrites, la tendance des personnes nommées n’est pas encore clairement déterminées.

Le programme de refinancement des soins de santé est aussi une bonne chose. C’est même une priorité. Il n’y par ailleurs rien à critiquer dans l’annonce de 1600 nouveaux policiers. Pour autant qu’ils soient affectés aux besoins de sécurité publique et non à la police de la route, déjà pléthorique. Les 500 millions € affectés à la Justice répondent également à un besoin criant. Nombre de palais de justice manquant des moyens de fonctionnement les plus élémentaires à l’époque de l’informatisation généralisée.

Un plan énergétique bancal

En ce qui concerne l’énergie, les écologistes ont obtenu gain de cause : la date-butoir du 2025 pour la sortie du nucléaire est maintenue. Avec toutefois une réserve : il faudra que la production d’énergie reste suffisante pour assurer les besoins de la population et des entreprises. Ce qui ne sera évidemment pas le cas. Mais ne fera que reporter le problème posé par le manque d’efficacité des énergies renouvelables et la construction de centrales au gaz qui ne répondent pas aux critères environnementaux abusifs en Europe. Une fois de plus, l’erreur du renoncement au nucléaire et surtout du non-remplacement des vieilles centrales par des centrales de nouvelle génération va apparaître. Merci les Verts et merci M. Verhofstadt, responsables de ce gâchis.

Une fiscalité socialiste

Au plan fiscal, l’avalanche de nouvelles taxes, inévitables avec un gouvernement aussi à gauche, est au rendez-vous. Si la volonté d’imposer efficacement les GAFA est une excellente chose, car ces entreprises se moquent ouvertement du monde, on peut s’interroger sur les moyens de pression dont dispose la petite Belgique pour leur imposer une telle taxation. Seule une décision européenne en cette matière pourrait peut-être les y contraindre. Néanmoins, travailler dans ce sens est louable.
En revanche, M. Magnette a laissé passer le bout de l’oreille dans une interview au Soir dans laquelle il annonce sa volonté (et celle du gouvernement) d’imposer un impôt sur la fortune. Quand on a vu la fuite de capitaux qu’une telle mesure a générée en France, on peut se demander si ce sera aussi rentable qu’il le proclame. Quant à son collègue de l’Open VLD, M. Lachaert, il a carrément évoqué un impôt sur les plus-values, dans une interview au Tijd. Soit plus que ce que les socialistes demandaient !. On le croyait pourtant libéral...
Quant à la volonté de conserver les voitures de sociétés pour autant qu’elles soient électriques, elle est risible. On voit mal des représentants pouvoir travailler avec des véhicules qui, en général, ont au maximum 300 km d’autonomie réelle.

Un  cadeau au VB

Dans un tout autre registre, la volonté de ne plus interdire les signes religieux dans les services publics est une nouvelle concession aux extrémistes islamistes. Voilà une nouvelle  qui a dû faire sauter les bouchons de champagne du côté du Vlaams Belang...
C’est évidemment au pied du mur que l’on voit le maçon. Il faut donc attendre et voir, comme disent les Anglais. Mais on peut néanmoins se demander si ce gouvernement ne va pas être le fossoyeur de la Belgique. Son programme semble vraiment très éloigné de la volonté exprimée par l’opinion flamande, majoritaire en Belgique. Ce qui risque de se payer dans les urnes en 2024, pour autant que ce gouvernement hétéroclite tienne jusqu’à cette échéance.

Jacques Offergeld