Magnette, “allié objectif” de De Wever ?

Quand on observe les palinodies qui entourent les tentatives de formation d’un gouvernement fédéral en Belgique, on ne peut qu'être atterré par la manière dont certains protagonistes de cette affaire se comportent.

Un récent sondage montre que 70% des Belges sont bien conscients qu’eu égard au système électoral qui est le leur, toute formation de gouvernement implique des concessions de chacune des formations qui en feront partie.

Il est vrai que les résultats du scrutin de mai dernier sont clivants. La Wallonie et Bruxelles ont voté très à gauche et la Flandre très à droite. Les partis centristes sortant affaiblis de ce scrutin.

Devant une situation aussi complexe, la logique eut voulu que chacun mette de l’eau dans son vin et s’efforce de créer une coalition viable. Si, du côté de la NVA, il est vrai que l’on n’était pas prêt à faire immédiatement des concessions, néanmoins il n’y a pas eu dès le début des oukases contre d’autre partis.

En revanche du côté du PS, la volonté était nette : tout sauf la NVA. Étant entendu que M. Magnette n’hésitait même pas à entamer des pourparlers avec un parti aussi antidémocratique que le PTB-PVDA (admirateur de Staline, Mao, Kim Jong-Un, Castro, etc.) auquel il n’a pas imposé le sacro-saint “cordon sanitaire” qui est censé frapper les formations dites non-démocratiques. La NVA, de son côté, n’hésitant pas à négocier avec le Vlaams Belang. Dont, assez paradoxalement, certains aspects du programme socio-économique sont très marqués à gauche. Ce que peu de gens savent.

Et M. Magnette de tout mettre en œuvre pour faire un gouvernement composé des PS, SPa, Ecolo, Groen, CD&V, avec les libéraux en otages. Pour ce faire, il n’hésita pas à faire miroiter à la présidente sortante du VLD, Gwendoline Rutten, le poste de Premier ministre. Comme tout le monde a pu constater l’extraordinaire “compétence” de cette dernière (elle a conduit son parti de débâcle en débâcle), on voit bien que Paul Magnette comptait en faire sa marionnette. Toutefois, les dirigeants démocrates-chrétiens flamands et une partie de ceux du VLD ont vu le piège. Un tel gouvernement ne serait en rien représentatif de la volonté exprimée par la grande majorité des électeurs flamands. Qui, rappelons-le, sont majoritaires en Belgique.

Au moment où ces lignes sont écrites, tout ce petit monde continue à patauger. Pendant ce temps, la dette du pays s’envole, des grands patrons (tant flamands qur francophones) lancent un cri alarme et l’économie tourne au ralenti, faute de connaître les axes économiques des prochaines années.

Mais une chose est certaine : Paul Magnette est involontairement occupé à faire le jeu de la NVA et même du VB. Ces deux formations ont et auront de plus en plus tout loisir de souligner que la Belgique est ingouvernable et qu’un divorce s’impose. En effet, un éventuel gouvernement de gauche ne serait en rien représentatif de la volonté de la Flandre qui de surcroît risquerait de voir sa participation financière à l’Etat fédéral augmenter. Il ne faut pas être voyant extra-lucide pour prévoir que, dans un tel contexte, aux prochaines élections, les partis confédéralistes et/ou séparatistes ne manqueront pas de connaître un succès. Et finiront par imposer peu ou prou leur programme. Ce qui serait une catastrophe pour la Wallonie qui, dans cette hypothèse, verrait disparaître les transferts venant de Flandre sans lesquels elle ne peut pas vivre décemment. Particulièrement en matière de Sécurité sociale.

On peut dès lors s’interroger : M. Magnette réalise-t-il qu’il en train de devenir un “allié objectif” de Bart De Wever qu’il veut tant ostraciser ?

J.O.