Bye bye Maastricht

Bye bye Maastricht

S’il est bien une victime collatérale de la pandémie de coronavirus, c’est le Traité de Maastricht. En effet, devant le cataclysme économique en cours dont personne ne peut encore mesurer toute l’importance, les règles fondatrices de la monnaie unique sont balayées.

C’est l’ensemble des nations du monde qui sont frappées. Si l’économie chinoise est occupée à redémarrer et si la coréenne ne s’est jamais complètement arrêtée, dans les pays européens, tout est encore bloqué et bien malin celui qui pourrait dire pour combien de temps encore. De plus, il se passera encore un certain temps entre le moment où les mesures de confinement seront levées et celui où l’ensemble du secteur productif sera à nouveau complètement opérationnel.

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Quoi qu’il en coûte

En employant à six reprises l’expression « quoi qu’il en coûte » en évoquant la relance qui devra suivre la crise actuelle, le président français a explicitement rompu avec les obligations imposées par le Traité de Maastricht. Et, en particulier, avec le plafond de 3% maximum d’endettement toléré. En réalité, il n’y avait là rien de nouveau car le dirigeant français l’avait déjà violé de facto après les dépenses somptuaires faites pour calmer le mouvement des « gilets jaunes ». Au cours duquel, soit dit en passant, Macron est ses sbires ont montré une incompétence et une brutalité indigne d’un pays démocratique.

En ce qui concerne la violation du plafond des 3%, il faut reconnaître qu’il est impossible de faire autrement. Sauf à plonger l’ensemble de l’Europe dans une misère durable. Bien sûr, cela pose le problème de l’endettement des pays européens. Et, en particulier de ceux du Sud du continent. Toutefois, il ne faut pas tout imputer la crise du coronavirus : ce problème des dettes existait bien avant elle. Et, cyniquement, on peut même dire que la formidable création monétaire à laquelle on va assister dans les prochains mois va très certainement créer une spirale inflationniste importante. Ce qui, à long terme, devrait permettre d’amortir les dettes, puisqu’intérêts et capital seront remboursés dans une monnaie dévaluée. C’est évidemment du vol légal mais la méthode n’est pas neuve. Sous l’empire romain déjà, des souverains trop dispendieux et peu scrupuleux faisaient la même chose en réduisant (sans le dire) le pourcentage d’or des pièces de monnaie. Pratique que l’on retrouvera durant tous les siècles suivants et sous toutes les latitudes.

Et l’euro ?

Cette violation de la règle de l’endettement limité, aura-t-elle des conséquences sur l’euro ? C’est probable mais pas certain. En effet, tout dépendra de la manière dont évolueront les autres grandes devises. Apparemment du côté américain, le président Trump semble avoir l’intention de distribuer des sommes considérables à ses concitoyens pour relancer la consommation. Et, bien sûr, les amadouer avant les élections présidentielles de novembre prochain. Ce qui sera évidemment très inflationniste. Du côté chinois, la valeur du yuan étant de facto définie par le pouvoir public, il est clair que cette devise ne devrait pas hausser. Ne serait-ce que pour soutenir le commerce extérieur de l’Empire du Milieu. Quant à la livre, elle a déjà baissé, soutenant ainsi les exportations britanniques.

Reste enfin un problème majeur : jusqu’où les Allemands vont-ils tolérer les « dérapages » budgétaires de leurs partenaires européens ? La classe politique de Berlin est pour le moins divisée sur ce sujet. Et l’on  ne peut plus guère compter sur Mme Merkel pour calmer le jeu, dans la mesure où son poids politique s’est très amenuisé, après la déroute qu’elle a connue aux dernières élections.

J.O.