Adieu à Patrick Delaroche

Il y a quelques jours, notre confrère et ami de très longue date, Patrick Delaroche, s’est éteint à son domicile anversois. Victime d’un cancer fulgurant et d’une tristesse qu’il cachait sous son éternel humour. Appliquant ainsi le fameux aphorisme du cinéaste et philosophe Chris Marker (et non de Churchill à qui on l’a attribué à tort) : «L’humour est la politesse du désespoir».

Patrick Delaroche était né en 1948 dans la banlieue parisienne, à Clichy. Attiré très jeune par le journalisme, il avait fait ses études à la célèbre Ecole Supérieure de Journalisme de Paris où il avait eu la chance de disposer des meilleurs enseignants de l’époque dont le moindre ne fût pas Yves Mourousi.  Au sujet de ce dernier, il nous conta souvent des anecdotes aussi savoureuses qu’inédites.

Arrivé à Anvers pour des raisons familiales, il y trouva rapidement du travail dans le groupe de presse francophone de Flandre : La Métropole, Le Matin, La Flandre libérale. Il y travailla jusqu’à sa disparition en juin 1974. L’année suivante, il fit partie avec Gilbert Tyck et l’auteur de ces lignes, de l’équipe de création de La Semaine d’Anvers. Dont il assura avec brio le secrétariat de rédaction durant des années.

Appelé vers d’autres horizons, il se spécialisera  ensuite dans le secteur de la montre de luxe dont il devint un rédacteur internationalement reconnu. Ses articles étant publiés tant dans la presse belge (francophone comme néerlandophone) qu’internationale et, en particulier, suisse. Ce qui était évidemment LA reconnaissance professionnelle la plus importante qu’un étranger puisse espérer dans ce secteur.

Il avait aussi créé un site Internet, Watchme, qui faisait autorité dans le monde de l’horlogerie haut de gamme et dont il nous avait autorisé de publier des extraits. Que l’on peut encore consulter dans notre rubrique «Loisirs».

A titre personnel, je ne peux oublier nos escapades en voilier le long des côtes bretonnes, avec ce que cela impliquait comme aléas et parfois émotions fortes mais aussi fêtes mémorables. Ni nos longues soirées à échanger nos idées parfois assez divergentes.

Fidèle à ses amis, d’une grande pudeur, Patrick Delaroche ne s’étendit jamais sur les pénibles événements privés qui pourtant gâchèrent les derniers années de sa vie. Qu’il occupa par de très nombreux voyages, tant professionnels que privés, et dont il ramenait toujours des anecdotes comme lui seul pouvait les raconter.

Si la presse franco-belgo-helvète perd une grande plume, ses amis n’arrivent pas à se consoler de son départ. Comme l’ont montré tout ceux qui, malgré les mesures de distanciation sociale, ont occupé toutes les places légalement disponibles à l’église Saint Charles Borromée pour ses funérailles.

Bon vent, Patrick, dans ce monde que l’on dit meilleur.

J. Offergeld

Photo : YW