UE : le triomphe des passéistes

“Ils n’ont n’ont rien appris”. Cette phrase de Talleyrand qui visait les émigrés de la Restauration qui n’avaient tiré aucune leçon de la Révolution et de l’Empire napoléonien et ne voulaient pas voir que le monde avait changé, vient immédiatement à l’esprit quand on lit le discours de Mme von der Leyen devant le Parlement européen.

La présidente de la Commission européenne revient avec les fausses priorités du passé et en revanche refuse de voir que des changements économiques majeurs devraient être effectués. La crise du coronavirus ayant mis en exergue des faiblesses (par ailleurs déjà connues des gens raisonnables) qui devraient être corrigées en priorité absolue.
Mme von der Leyen a-t-elle fait allusion aux dangereuses  dépendances sanitaire, technologique et énergétique du Vieux Continent ? Non ! Au contraire, nombre de ses propositions et en particulier son irrationnel “Green Deal” ne peuvent que servir les intérêts de la Chine au détriment de l’Europe.

Ursula von der Leyen (© E.U.)

Et pourtant ! S’il y a bien un secteur qui devrait voir affluer les investissements, c’est celui de la santé. Comme nous l’avons déjà souligné, et qu’aujourd’hui chacun a pu constater, il est vital (dans le sens littéral du mot) de reconquérir notre indépendance pharmaceutique. Dans la mesure où l’on a  créé 750 milliards € ex nihilo, on pourrait au minimum veiller à ce que l’ensemble de nos produits sanitaires de base soient produits dans l’UE. De manière à ne plus être dépendants de la Chine et/ou de l’Inde. 90 % des vaccins du monde étant produits dans ce dernier pays. Quant à la production des molécules de base, elle est devenue de facto un monopole sino-indien. Le rapatriement de ces produits de première nécessité dans nos pays est donc une priorité absolue. Et pourrait être créateur d’emplois.

La recherche doit vivre de la charité

D’autre part, dans le cadre médical plus général, la recherche devrait être beaucoup plus largement financée. Sans pour autant faire exploser les budgets. Il y a suffisamment de dépenses inutiles que l’on pourrait  supprimer pour disposer des fonds nécessaires pour la financer largement. Et accessoirement mais symboliquement ne plus devoir recourir à la charité publique par des opérations comme le Téléthon, le Télévie, Cap 80 et bien d’autres. Qui montrent que si les peuples peuvent se montrer généreux, les gouvernants, eux, préfèrent gaspiller les fonds publics dans la construction de ronds-points, d’éoliennes et autres “bidules” aussi coûteux qu’inutiles qu’investir à long terme dans la santé.

Une production électronique indépendante SVP

Deuxième secteur à rapatrier dans les meilleurs délais, tout ce qui touche à la production électronique. Là encore, notre dépendance à l’égard de la Chine et de l’Inde est totale. On n’est plus capable de produire un ordinateur ou un téléviseur en Europe. On ne peut  (au mieux) plus que les assembler avec des pièces venant d’Asie. La dépendance électronique est donc semblable à la pharmaceutique.

Or on ne peut pas vouloir informatiser tout ce qui peut l’être, développer le télétravail, robotiser au maximum la production industrielle, numériser à tour de bras et être totalement dépendants de pays qui, du jour au lendemain, pour des raisons économiques, géopolitiques, accidentelles ou autres peuvent “fermer le robinet”. Volontairement ou non.

De surcroît, dans la mesure où les robotisation et informatisation sont gravement destructrices d’emplois, créer des emplois dans les secteurs rapatriés pourraient (au moins partiellement) compenser les pertes de postes de travail. Surtout que l’on sous-estime pour l’instant l’impact dramatique que la crise du coronavirus va avoir sur l’emploi.

Quant à l’indépendance énergétique, Mme von der Leyen n’a absolument pas l’air de vouloir s’en préoccuper. Pis, elle veut poursuivre son green deal qui va entraîner 30 milliards € de dépenses inutiles. Que le Vieux Contient reste totalement dépendants des émirs du gaz et du pétrole et de la Russie, ne semble absolument pas la préoccuper. En revanche, elle souhaite poursuivre dans une voie sans issue comme l’éolien qui n’a aucun avenir, eu égard à son coût exorbitant et surtout au manque de stabilité de sa production. Elle souhaite aussi encourager le photo-voltaïque. Ce qui est moins ridicule que de poursuivre dans l’éolien. Des résultats relativement encourageants dans ce secteur ont été obtenus dans certaines champs de panneaux photo-voltaïques en Espagne.

Mais avec un impact régional limité. Et, quoi qu’il en soit, cela va créer une nouvelle dépendance à l’égard de la Chine qui produit 70% des panneaux photo-voltaïques du monde. Et donc encore creuser le déficit commercial de l’Europe à l’égard de l’Empire du Milieu. Et créer une nouvelle dépendance industrielle à son égard. Si l’on veut poursuivre dans ce sens (au moins dans l’extrême sud de l’Europe), le minimum serait donc d’encourager la création d’usines de constructions de panneaux photo-voltaïques en Europe. Même si un tel choix industriel pourrait peut-être coûter plus cher, il aurait l’avantage de créer de l’emploi dans des régions durement frappées par le chômage et de garantir une production  autonome et indépendante de pays tiers.

90% des batteries sont produites en Chine

Mais tout cela ne répond nullement aux besoins d’électricité futur qui ne peut que croître de manière exponentielle dans les prochaines années. Ceci non seulement à cause des robotisation et informatisation massives déjà évoquées mais aussi par le développement des  domotique et voitures électriques. Bien que l’avenir de ces dernières restera encore longtemps limité à des usages urbains : le problème d’autonomie étant encore loin d’être résolu. Sans parler des dommages environnementaux et surtout sociaux (travail des enfants) générés par la construction des batteries. De plus, le tout électrique crée une nouvelle dépendance à l’égard de la Chine : 90 % des batteries produites dans le monde l’étant dans ce pays !

Le monde se couvre de centrales nucléaires. L’Europe les ferme !

Le seul point positif que l’on trouve dans le discours de Mme von der Leyen est qu’en matière de transport, elle ouvre la porte au développement de l’usage de l’hydrogène qui est une des solutions les plus rationnelles. On constate d’ailleurs qu’en Allemagne, des trains roulent à l’hydrogène et qu’au Portugal les bus de plusieurs grandes villes en font autant. Tout comme dans la ville française de Pau. A la plus grande satisfaction des utilisateurs.

La meilleure solution eût été évidemment de reconnaître que l’abandon du nucléaire a été un erreur monumentale. Et de s’aligner sur tous les autres grands pays industrialisés (Chine, Inde, Etats-Unis, Angleterre) ou émergents (Afrique du Sud, Emirats Arabes Unis, Argentine, Brésil, etc.) qui investissent massivement dans ce secteur, seul capable d’offrir une électricité à prix et fourniture stables.

Surtout qu’avec les nouvelles centrales au thorium, une grande partie des inconvénients et dangers connus avec les centrales traditionnelles disparaissent. Et qu’un vaste plan de développement du nucléaire de nouvelle génération pourrait non seulement garantir à l’UE son indépendance énergétique d’ici 2030 mais aussi un prix et un approvisionnement stables pour le consommateur. En s’entêtant dans son refus de cette seule source d’énergie fiable à tous les points de vue, Mme von der Leyen et ceux qui la soutiennent dans cette voie obèrent gravement l’avenir de l’Europe et la condamnent inexorablement au déclin, à la dépendance énergétique et donc politique.

La crise du coronavirus, aussi dramatique qu’elle soit, était une occasion de tout remettre à plat, de tirer les conséquences des erreurs du passé et de lancer de nouvelles politiques scientifique, industrielle et énergétique. Hélas, des intérêts particuliers (tel le puissant lobby vert soutenu par les   constructeurs d’éoliennes allemands et danois) ont torpillé tous les efforts de ceux qui prônaient un virage vers des solutions nouvelles, pérennes et créatrices d’emplois.
Quel gâchis !

Jacques Offergeld