La voiture à hydrogène, entre avant-gardisme et réalisme ?

Selon Erik Van den Heuvel qui est historien et futurologue du secteur de l’automobile, aujourd’hui, les acteurs du monde automobile sont trop focalisés sur les voitures électriques à batterie. Pourtant, cette technologie n’est certainement pas la seule à permettre une mobilité «propre». C’est pour cette raison que certains constructeurs travaillent aussi sur des véhicules utilisant un moteur électrique alimenté par une pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène.

Contrairement aux batteries des véhicules électriques «classiques», la voiture à hydrogène produit sa propre électricité grâce à une pile en contact avec l’hydrogène, un gaz qui a la propriété de procurer une densité énergétique incomparable par rapport aux atomes de lithium des batteries traditionnelles.

Avec cette efficacité énergétique sans commune mesure de l’hydrogène, la pile à combustible des voitures permet aujourd’hui à ces véhicules d’atteindre une autonomie de 600 km pour un temps de chargement d’à peine 3 à 5 minutes.

Des grands noms de l’industrie automobile ont récemment commencé la commercialisation de quelques modèles à hydrogène. Il faut malheureusement constater que les voitures à pile à combustible (fuel cell cars) sont provisoirement encore confrontées à quelques handicaps.

Tout d’abord la fabrication de ce type de véhicules est encore extrêmement coûteuse car elles utilisent notamment du platine ; un métal aussi cher que l’or. Pour cette raison, les chercheurs du monde entier se concentrent aujourd’hui sur la possibilité de remplacer le platine par d’autres composants moins chers.

S’il existe un réseau d’approvisionnement bien développé pour des combustibles tel que l’essence, le gasoil, le gaz naturel et le lpg, des stations à hydrogène sont quasi inexistantes en Europe. Le stockage de l’hydrogène, étant moins dense que l’air, demande également une attention particulière. On est effectivement obligé de le comprimer à 200 bars. La production de l’hydrogène s’effectue encore trop souvent par reformage de combustibles fossiles. A moins de produire l’hydrogène grâce à l’électrolyse de l’eau en utilisant pour cela de l’électricité produite par des systèmes d’énergie renouvelable comme l’éolien, le solaire, le bilan écologique n’est pas optimal.

La voiture à hydrogène n’est donc pas encore en mesure de remplacer les véhicules thermiques ou électriques classiques. Cependant, vu l’engouement qu’elle suscite dans le monde entier, elle devrait logiquement grignoter des parts de marché au cours des années à venir.

Avec l’apparition plus importante de l’hydrogène dans l’automobile à partir de 2020 et le développement d’un réseau de distribution de ce gaz hautement énergétique, on s’attend à un marché véritablement établi en 2030.