Energie : un miracle ?

Le président de la région des Hauts de France, Xavier Bertrand, vient de déclarer que, s'il était élu président de la République, la première chose qu’il ferait serait de relancer le programme nucléaire français et de construire de nouvelles centrales.

 

Il souligne que le nucléaire est la seule solution pour garantir à la France un approvisionnement en électricité sûr, stable et bon marché. Tout en respectant les engagements de décarbonisation voulus par l’UE. Et de rappeler qu’actuellement, du fait de l'abandon du nucléaire par leur pays, les Allemands paient leur électricité beaucoup plus cher que les Français. Dans la foulée, M. Bertrand souligne qu’il conviendrait de renoncer le plus rapidement possible au développement des éoliennes qui, à ses yeux, sont  “une véritable escroquerie”.

L’escroquerie de l’éolien dénoncée par un responsable politique important (Photo : ECS)

Dans le climat antinucléaire qui règne actuellement dans un certain nombre de pays d'Europe, la déclaration de Xavier Bertrand ne doit pas être prise à la légère. Et montre un vrai sens de l’Etat. En effet, il s'inscrit en rupture avec la plupart de ses voisins qui ont renoncé au nucléaire. Renonçant ainsi à toute indépendance énergétique.

Un peu de lumière pour la Belgique...

Pour la Belgique, c'est la moins mauvaise nouvelle possible, dans la mesure où il ne fait aucun doute que le renoncement au nucléaire de notre pays va entraîner des ruptures d'approvisionnement comme il a été révélé par plusieurs spécialistes. Le développement de nouvelles centrales près de notre frontière devrait, au moins partiellement, réduire le risque de rupture d’approvisionnement. Évidemment, le kw se paiera plus cher que s’il était produit sur notre territoire. Et, en cas de pénurie, les Français se serviront les premiers avant d’envisager d’exporter. Ce qui est normal.

La centrale nucléaire de Tihange (© Wikipedia)

Si M. Bertrand devait être élu et appliquait son programme, cela mettrait la France dans une position de force en Europe. Particulièrement face à l’Allemagne qui tôt ou tard verra ses réserves de lignite s’amoindrir et sa dépendance à l’égard du gaz russe croître. Ce qui explique d‘ailleurs pourquoi Mme Merkel veut éviter à tout prix un affrontement avec M. Poutine. Là aussi, en cas de rupture d’approvisionnement, l’Allemagne deviendrait dépendante de la France.

Au pied du mur

Devant ce défi lancé par le président des Hauts de France, il sera intéressant d'observer la manière dont ses concurrents vont se positionner. Et, en particulier, le président Macron dont l’attitude s'est toujours avérée louvoyante en cette matière. Si, au départ, il était favorable au nucléaire, il a à plusieurs reprises déclaré qu’ il souhaitait en sortir à moyen terme. Mais il a fait également d'autres déclarations allant dans le sens opposé. Encore une fois, la politique du “en même temps”. Qui, devant ce genre de dilemme, devient vite intenable. Ce que l'on observe concrètement, c'est que la plupart des ministres de la Transition écologique qu’il a nommés étaient des antinucléaires militants. C'est notamment le cas de MM. Hulot et de Rugy et actuellement de Mme Pompili (transfuge du parti écologiste). D'autre part, la position de rejet de l'éolien va évidemment faire grincer les dents du côté des écologistes qui soutiennent cette escroquerie avec bec et ongles.

Du côté de la gauche, la prise de position de M.Bertrand risque aussi de faire des dégâts. Si les écolos veulent une disparition la plus rapide possible de l’énergie atomique, il existe toujours un socle pro-nucléaire important, notamment du côté du Parti socialiste, du Parti communiste et surtout de la CGT. Première force syndicale à EDF et qui tient à conserver ce dernier bastion.

De l’autre côté de l’échiquier politique, Mme Le Pen devra aussi se prononcer sur ce sujet qu’elle a toujours essayé d’éviter.

En clair, M. Bertrand va obliger ses adversaires à se positionner sur ce problème déterminant pour l’avenir énergétique et économique de la France. Et...de ses voisins !

Les élections présidentielles françaises pourraient peut-être devenir une sorte de référendum sur la volonté populaire de oui ou non maintenir et même faire progresser le secteur nucléaire. Et ainsi de sauvegarder l’indépendance énergétique de la France.

Jacques Offergeld