Anvers réalise une révolution dans le polissage des diamants

Effectivement en 1456, Louis De Berquem découvre que le diamant ne peut être taillé qu’avec du diamant. Sa technique constitue l’emploi d’un dop (coquille contenant la pierre) que l’on dépose sur un disque en fonte enduit de poudre de diamant. Principe utilisé jusqu’à nos jours. Depuis, tous les diamants, peu importe la taille des pierres, sont en grande partie taillés à la main. Un processus long et laborieux qui, depuis une trentaine d’années, se déroule de moins en moins à Anvers en raison des coûts salariaux trop élevés.

Après plus de 10 années de recherche, le WTOCD a réussi à développer une technologie qui automatise entièrement le processus de taille. Avec cette machine, le diamant peut être taillé 10 à 20 fois plus vite. Une pierre qui normalement prendrait une journée de travail peut être taillée en une heure et demie avec cette nouvelle technologie.

Non seulement Fenix est plus rapide mais également extrêmement précis et révolutionnaire dans la façon dont le diamant est taillé qui doit répondre à des normes extrêmement rigoureuses. Les exigences des dernières années concernant les proportions, la finition et la symétrie des diamants certifiés sont bien plus strictes que celles du siècle passé. Les normes étaient «Very good», «Good», «Unusual» ou «Poor ». Aujourd’hui, une classification s’est ajoutée : «Excellent». Ainsi, les pierres 3 fois «Excellent» ont environ 10% de valeur de plus que les «very good».

Yves Kerremans,  directeur du WTOCD, souligne : "Chaque diamant a une certaine direction cristalline qui doit être prise en compte dans le processus de la taille. C’est ce qui implique que le polissage du diamant est un processus exigeant en main-d’œuvre. Fenix est la première technologie qui permet de tailler sans recherche de la structure cristalline du diamant, tout en étant 10 à 20 fois plus rapide".

À l’heure actuelle, Fenix est largement testé par les sociétés diamantaires anversoises. Depuis septembre 2018, les premières machines, basées sur cette technologie inventée à Anvers, seront utilisées dans les ateliers de taille. La présentation de Fenix a eu lieu à la veille de la réunion du Processus de Kimberley qui fut organisée à Anvers, où les 81 États membres, les producteurs, l’industrie et les ONG se sont réunis pour discuter de l’avenir d’une industrie du diamant durable. N’oublions pas que près de 10.000.000 de personnes, depuis la mine jusqu’au bijoutier, travaillent dans le secteur du diamant.

Vers un retour de la taille à Anvers ?

Les diamantaires-fabricants anversois mettent tous leurs espoirs dans cette révolution technologique qui pourrait ramener une partie de la taille vers Anvers. Car, grâce à cette technologie, le coût salarial belge serait partiellement compensé.

Quelque 80% de la production mondiale de diamants bruts est négociée et réexportée vers les centres de taille. Pouvoir en garder quelques % pourrait créer des centaines emplois. Car bien que Fenix soit plus rapide et automatisé, il faudra toujours des techniciens pour le commander et le contrôler. Le nom de Fenix (Phénix) a été judicieusement choisi, il est l’espoir de voir renaître de ses cendres un centre de taille, après quelques décennies de déclin. Nous avions plus de 30.000 tailleurs durant les «Golden sixties». Il ne nous en reste plus que quelques centaines actuellement. C’est aussi la période où fut créée le HRD (Conseil Supérieur du Diamant), qui plus tard fut remplacé par l’AWDC.

L’Antwerp World Diamond Center (AWDC) coordonne et représente officiellement le secteur diamantaire anversois qui reste le leader mondial du commerce des diamants. L’AWDC est également reconnu internationalement comme le porte-parole de l’ensemble de la communauté belge du diamant.

En plus des 84% de tous les diamants bruts qui sont négociés à Anvers, 50% de tous les diamants,taillés principalement en Extrême Orient, sont redistribué vers les centres de joaillerie. Le diamant représente 5% des exportations belges et 15% des exportations belges en dehors de l’UE. Le diamant est donc le produit d’exportation belge le plus important en dehors de l’UE.

Eddy Vleeschdrager